Prises trop extrêmes chez les jeunes joueurs de tennis : un risque de blessures à ne pas négliger
L'évolution du tennis moderne a entraîné une transformation radicale des styles de jeu. Chez les jeunes joueurs, on observe une adoption de plus en plus fréquente de prises dites « extrêmes », notamment en coup droit (semi-western, voire full western) et en revers à deux mains très fermées. Si ces prises permettent de générer plus de lift et de puissance, elles ne sont pas sans conséquences sur le corps encore en développement des jeunes athlètes.

1. Qu’est-ce qu’une prise « extrême » ?

Une prise est dite « extrême » lorsqu'elle s’éloigne des positions classiques (continentale, eastern) pour adopter des angles plus prononcés qui favorisent les effets (notamment le topspin). Par exemple :

  • La prise western en coup droit oblige le joueur à « gratter » la balle de bas en haut avec un poignet très fléchi.

  • En revers, certains jeunes adoptent des prises très fermées à deux mains, avec une main dominante trop prononcée vers le dessous du manche.

Ces positions exigent une biomécanique particulière, souvent inspirée par les pros comme Nadal ou Alcaraz, mais difficile à maîtriser pour un jeune corps.


2. Les risques biomécaniques associés

a. Articulation du poignet

Les prises extrêmes sollicitent énormément le poignet :

  • En coup droit western, l’hyperflexion du poignet peut conduire à des tendinites (syndrome de De Quervain) ou des microtraumatismes.

  • En revers à deux mains, une mauvaise synchronisation peut entraîner une surcharge sur le poignet non-dominant.

b. Coude et avant-bras

L’utilisation d’une prise extrême en coup droit peut provoquer des douleurs au coude du type épicondylite médiale (ou « golfer’s elbow »), notamment à cause des forces de torsion lors des frappes sur balles hautes.

c. Épaule et chaîne scapulaire

Une technique peu mature associée à des prises extrêmes peut créer un déséquilibre de la chaîne musculaire scapulo-humérale, augmentant le risque de conflits sous-acromiaux (notamment chez les jeunes qui frappent au-dessus de l’épaule à répétition).

d. Colonne vertébrale

Le recours fréquent à des frappes en déséquilibre (souvent associé aux prises extrêmes) peut engendrer des douleurs lombaires précoces, surtout si la musculature profonde n’est pas stabilisée.


3. Pourquoi ces prises séduisent les jeunes ?

  • Modèles professionnels : Les jeunes veulent imiter leurs idoles.

  • Recherche de puissance/lift : Les prises extrêmes favorisent un jeu à effet, plus percutant sur terre battue.

  • Coaching mal adapté : Certains entraîneurs laissent faire, voire encouragent ces prises sans adapter la préparation physique.


4. Comment prévenir les blessures ?

a. Surveillance technique

Un suivi technique régulier est essentiel pour ajuster les prises selon la croissance et la morphologie de l’enfant.

b. Préparation physique ciblée

Un renforcement musculaire des avant-bras, épaules, gainage et fessiers permet de mieux tolérer les contraintes mécaniques.

c. Approche progressive

Introduire les prises extrêmes seulement si le joueur possède une bonne maîtrise de la gestuelle de base et une bonne coordination.

d. Périodes de repos

Des phases sans raquette (cross training, vacances sans tennis) permettent une récupération essentielle à la prévention des blessures chroniques.


Conclusion

Les prises extrêmes peuvent offrir des avantages techniques indéniables, mais chez les jeunes joueurs, elles représentent aussi un risque biomécanique sérieux. Un encadrement technique rigoureux, allié à une préparation physique intelligente, est la clé pour limiter les blessures et permettre un développement harmonieux du joueur à long terme.

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